La Bataille des Ubas

Une participation décisive à la bataille des Ubas

 

Texte fourni par M. Jean-François Martin

 

Charles d’Agrain le dernier descendant de cette famille qui avait sous la main toutes les archives du château des Ubas situé non loin du Luc raconte ainsi cet évènement :
« Je ne puis passer sous silence un héroïque fait d’armes, auquel donna lieu, dans le XIVème siècle la forteresse de Luc ou château des 3 seigneurs. Les Anglais alors maitres d’une partie de la France parcouraient avec des forces considérables le Gévaudan et le Vivarais. Ils ravageaient ces contrées de fond en comble et menaçaient d’en faire un désert quand ils se virent tout à coup arrêtés par le fort de Luc qui leur fermait la route de la Haute Auvergne. Ils assiégèrent ce château avec 2000 hommes ,3 braves chevaliers, dont les familles possédaient ensemble la

Baronnie de Luc, MM de Polignac, Bourbal de Choisinet, d’Agrain des Ubas défendirent si vaillamment ce boulevard du Vivarais et du Gévaudan qu’ils firent honteusement lever le siège à l’ennemi. Ils le poursuivirent dans sa retraite.
Les Anglais faisant volteface, il s’engagea dans la terre des Ubas ,à demi- lieue de Luc, un combat opiniâtre où les 3 chevaliers semblaient prêts à succomber sous le nombre lorsque secourus tout à coup par 10 des plus intrépides des gentilhommes des environs, MM Malet de Borne, d’Apchier, Morangiés, Malmont ,de Soulages Modène, du Roure, Balazuc, Vernon de Joyeuse ,Longueville et Regleton, ils remportèrent une victoire complète sur l’ennemi la même année ou près de là périra le héros du siècle Bertrand du Guesclin au milieu de ses triomphes, devant Châteauneuf de Randon le 13 juillet 1380.
Les casques, les boucliers, les épées, les armures de toutes espèces qu’on voyait en grand nombre au château des Ubas avant sa ruine étaient les monuments authentiques de cette victoire
Les 3 seigneurs de Polignac, d’Agrain des Ubas et Bourbal de Choisinet pour en perpétuer le souvenir placèrent au sommet du volcan de Prasoncoupe les Ubas ,3 grandes pierres de granit taillées en disque et sur lesquelles leurs armes étaient sculptées.

La tour de Luc communiquait par signaux avec celle de Saint Laurent les Bains peut être même avec celle de Loubaresse lesquelles correspondaient à leur tour avec d’autres tours placées plus loin au sud et à l’est, l’abbé Chenivesse pense que la destruction de la tour de Saint Laurent les Bains doit remonter à l’époque qui nous occupe, car dit-il si sa destruction était plus récente le souvenir en serait resté car elle appartenait aux Polignac. »

On peut considérer que l’apport du seigneur de Borne, accompagné par la population en armes, peut-être alertés par les signaux recueillis par la tour de Loubaresse et probablement par le bruit et le fracas du combat, fut décisive, le château de Borne est situé à 4 km au sud du champ de bataille, cette intervention permit de prendre les Anglais à revers à un moment décisif du combat et donc de contribuer à la victoire.

La dénomination Malet de Borne pose question, une famille de Malet habitait Valgorge, où on trouve un fief du nom de Malhet qui parait avoir été son premier berceau, fief que la famille de Borne possédait au XVème siècle, cette opinion est fortifiée par le fait qu’en 1438 Pons Malet coseigneur de Vernon possédait tout ou partie des fiefs de Freyssinet et du Couderc de Valgorge, fiefs qui en 1559 étaient encore aux mains de ses descendants.

Enfin s’agissant du nom d’un des trois seigneurs vainqueurs de la bataille des Ubas, je m’interroge si le copiste n’a pas transformé le « s » de Solignac en « p » de Polignac, en effet le principal témoin de la fondation de l’abbaye des Chambons était Pierre de Solignac, seigneur des Ubas, les Solignac des Ubas étaient vassaux de la maison des Chateauneuf, seigneurs de
Luc, qui hommageaient pour leur château, à l’évêque du Puy, même si à l’époque considérée Béraud d’Agrain était devenu en 1361 l’héritier des Solignac.